L’avenir du logement social et sa relation avec l’espace public

Comment avez-vous travaillé la relation avec la ville dans le projet SFJ6 ?

Dans le projet SFJ6, nous avons commencé à travailler à partir de l’échelle de la ville. Bien qu’il s’agisse d’un bâtiment de grande taille, nous avons cherché une échelle plus conviviale qui l’intègre harmonieusement dans l’environnement. Le bâtiment lui-même génère une diversité urbaine qui enrichit le contexte. Dans la conception des logements, nous avons privilégié la qualité spatiale : tous sont traversants, avec les zones les plus publiques orientées vers l’extérieur et les zones privées, pour la plupart, vers les patios intérieurs. Bien qu’il s’agisse de logements sociaux, grâce à la largeur des ouvertures, nous avons réussi à faire en sorte que les espaces intérieurs soient perçus comme plus vastes qu’ils ne le sont réellement. Tous les logements disposent d’un espace extérieur, qu’il s’agisse d’une terrasse découverte, d’un balcon-terrasse ou d’un espace de séjour avec balustrade, qui en s’ouvrant devient un large balcon. Les espaces communs de l’immeuble sont également conçus pour favoriser l’interaction sociale, avec des zones où la végétation et les matériaux sélectionnés jouent un rôle bioclimatique, créant des environnements agréables pour rester.

Quels aspects considérez-vous comme fondamentaux dans votre architecture ?

Depuis le début, nous nous sommes interrogés sur ce qui fait que certaines villes, rues, bâtiments ou logements sont perçus comme meilleurs que d’autres. Notre conclusion a été que l’échelle humaine est un facteur clé dans cette perception, et c’est un concept que nous appliquons toujours dans nos projets. Nous cherchons à doter notre architecture d’une échelle humaine, évitant que nos projets ne paraissent disproportionnés ou étrangers à leur environnement. Pour nous, il est particulièrement important que les bâtiments, surtout au niveau de leur rez-de-chaussée, maintiennent une relation amicale avec la ville, enrichissant l’expérience du piéton.

Un autre concept pertinent est l’importance de l’espace extérieur dans les logements, un besoin que la pandémie a mis en évidence de manière évidente et que nous avons toujours défendu. L’outil le plus efficace pour favoriser cette inclusion est le plan général d’urbanisme, même si souvent la réglementation pénalise ces espaces. Dans de tels cas, nous avons recours à diverses stratégies, telles que la conception soignée des ouvertures, pour offrir aux logements une sensation d’espace extérieur, même s’ils ne l’ont pas dans son sens le plus conventionnel.

Nous prêtons également une attention particulière à l’atmosphère émotionnelle des espaces communs. Nous nous intéressons à les matérialiser de manière à ce que les personnes s’y sentent à l’aise, et qu’ils ne soient pas simplement des lieux de passage où l’inaction provoque l’aliénation. Au contraire, nous cherchons à ce que ces espaces favorisent le contact social et renforcent le sentiment de communauté.

Pourquoi pensez-vous avoir été récompensés ? De quoi parlent ces prix ?

Le plus grand prix que nous avons reçu est l’opportunité de concrétiser nos idées à travers les différents projets que nous avons gagnés dans des concours d’idées. Par la suite, beaucoup de ces bâtiments ont été reconnus par des prix pour l’œuvre construite, ce qui est très significatif pour nous. Cette reconnaissance démontre que nos propositions n’étaient pas seulement précieuses sur le plan théorique, mais qu’elles fonctionnaient également lorsqu’elles étaient mises en pratique.